ACCUEIL > A LA LOUPE > VALLÉE DU CHER> PROFESSION VIGNERON
Poursuivez votre lecture
Julien Pineau, vigneron par hasard et par passion
Julien Pineau voulait tenir un bistrot, alors il s’est formé à la viticulture. Mais le virus de la vigne l’a attrapé et il s’est retrouvé vigneron en vallée du Cher. Un changement de direction pour embrasser une passion inattendue.
Casquette vissée sur la tête au volant de son C15 dont le bruit du moteur laisse entendre qu’il a quelques kilomètres sous le capot, Julien Pineau nous conduit sur sa parcelle qui domine la vallée du Cher. C’est là, sur le Clos Roche blanche, ancien domaine de Catherine Roussel et Didier Barouillet à Pouillé, qu’il exploite ses 8 ha de vignes. « Avec un père cuisinier, j’ai grandi dans le plaisir de la table. J’adorais cuisiner avec des copains et le vin se retrouve nécessairement là-dedans… Au départ, mon projet de bistrot, c’était vraiment un truc de copains. » Alors, après des études de droit et de sociologie, Julien Pineau se retrouve en bac pro « Conduite et gestion d’un établissement agricole option vigne et vin » au lycée professionnel agricole d’Amboise. Sage décision que d’aller découvrir le travail de ses futurs fournisseurs avant de s’installer. Mais voilà, Julien se plaît dans la vigne. « J’aimais la solitude dans les vignes, même si elle peut s’avérer pesante parfois », dit-il, lui qui fait aujourd’hui de son métier une aventure collective : cuma1 entre vignerons, vendanges festives à la maison, membre et président de l’association des Vins du coin.
Vigneron, un métier qui apprend l’humilité
Pendant quatre ans, Julien bourlingue un peu partout en France. Il se fait la main au Domaine des terres promises en Provence, avec Pascal Simonutti, à Mesland ou au Domaine des Vaucorneilles à Onzain, puis chez Noëlla Morentin à Pouillé… Des domaines menés en agriculture biologique ou très raisonnée car, dit-il « le bio, je n’en démordrai pas ». Jusqu’à ce que l’occasion de reprendre le Clos Roche blanche à 50/50 avec Laurent Saillard se présente. Un an de parrainage avec Didier Barouillet lui met le pied à l’étrier et le voilà prêt à passer à l’œuvre le 1er septembre 2015. Mais cette année-là, les vendanges démarrent le 29 août. « J’ai géré les vendanges et les démarches administratives en même temps, c’était le folklore ! » Un démarrage à l’image du métier : inattendu. En six ans d’exercice, il a déjà accumulé plusieurs millésimes délicats à coup de gel, de grêle et de mildiou. Le cru 2021 venant couronner le tout avec une récolte de 4 hl/ha au lieu de 50 hl/ha. « Forcément, les conditions climatiques nous remettent en question. C’est un métier qui apprend l’humilité car c’est devenu délicat d’en vivre. »
Des vins qui racontent une histoire
Pour faire face, Julien envisage de restructurer son vignoble pour faire la place belle aux cépages endémiques : en lieu et place du sauvignon roi, il pense développer le menu pineau, le romorantin, le meslier Saint-François ou le pineau d’Aunis. Il réfléchit à des cépages au débourrement plus tardif ou à des techniques de plantation pour éviter les gelées printanières et s’adapter au changement climatique. Malgré les aléas, la passion ne s’amoindrit pas, loin s’en faut : « C’est passionnant parce qu’on touche à tout : au végétal, au sol, à la vinification. » Une vinification qu’il ne conçoit que sans ou avec très peu de souffre. Sans se revendiquer pour autant du vin naturel. « Je fais du vin », répond-il laconiquement, comme un refus net et précis de se voir ranger dans une chapelle. Reste que, pour lui, la vinification est le moment clé qui donnera son identité au millésime : « On travaille avec le vivant et ses caprices, alors on doit toujours s’adapter à ce que le millésime nous offre. Et puis, pour moi, un vin doit raconter l’histoire d’une année. Le ressenti du climat ou l’énergie qui se trame pendant les vendanges me donnent des idées pour expérimenter des choses et faire le vin que j’ai envie de faire à ce moment-là. »
Des vins attachés à un terroir, sincères et vecteurs d’émotion tant qu’à faire, à l’image de ceux que Julien Pineau apprécie dans son propre verre.
De décembre 2019 à septembre 2020, Thibault Jandot, photographe et cinéaste tourangeau, a suivi Julien Pineau dans les vignes, au chai, au bureau, chez lui… Ce travail a donné lieu au documentaire Une année dans les vignes diffusé sur internet, qui sera suivi d’un second volet diffusé sur France 2 en 2022.
1 Coopérative d’utilisation de matériel agricole
Texte : Alice Enaudeau – Photos : Cyril Ananiguian
INFOS +
Julien Pineau sera présent au salon Les Vins du coin, samedi 4 décembre 2021 de 11 h à 19 h au Carroir, à La Chaussée-Saint-Victor (www.facebook.com/lesvinsducoin).
Domaine Julien Pineau : 4 rue des Hauts Bonneaux – 41110 Mareuil-sur-Cher.
Tél. 06 27 81 94 90
Julien Pineau, vigneron par hasard et par passion
Julien Pineau voulait tenir un bistrot, alors il s’est formé à la viticulture. Mais le virus de la vigne l’a attrapé et il s’est retrouvé vigneron en vallée du Cher. Un changement de direction pour embrasser une passion inattendue.
Casquette vissée sur la tête au volant de son C15 dont le bruit du moteur laisse entendre qu’il a quelques kilomètres sous le capot, Julien Pineau nous conduit sur sa parcelle qui domine la vallée du Cher. C’est là, sur le Clos Roche blanche, ancien domaine de Catherine Roussel et Didier Barouillet à Pouillé, qu’il exploite ses 8 ha de vignes. « Avec un père cuisinier, j’ai grandi dans le plaisir de la table. J’adorais cuisiner avec des copains et le vin se retrouve nécessairement là-dedans… Au départ, mon projet de bistrot, c’était vraiment un truc de copains. » Alors, après des études de droit et de sociologie, Julien Pineau se retrouve en bac pro « Conduite et gestion d’un établissement agricole option vigne et vin » au lycée professionnel agricole d’Amboise. Sage décision que d’aller découvrir le travail de ses futurs fournisseurs avant de s’installer. Mais voilà, Julien se plaît dans la vigne. « J’aimais la solitude dans les vignes, même si elle peut s’avérer pesante parfois », dit-il, lui qui fait aujourd’hui de son métier une aventure collective : cuma1 entre vignerons, vendanges festives à la maison, membre et président de l’association des Vins du coin.
Vigneron, un métier qui apprend l’humilité
Pendant quatre ans, Julien bourlingue un peu partout en France. Il se fait la main au Domaine des terres promises en Provence, avec Pascal Simonutti, à Mesland ou au Domaine des Vaucorneilles à Onzain, puis chez Noëlla Morentin à Pouillé… Des domaines menés en agriculture biologique ou très raisonnée car, dit-il « le bio, je n’en démordrai pas ». Jusqu’à ce que l’occasion de reprendre le Clos Roche blanche à 50/50 avec Laurent Saillard se présente. Un an de parrainage avec Didier Barouillet lui met le pied à l’étrier et le voilà prêt à passer à l’œuvre le 1er septembre 2015. Mais cette année-là, les vendanges démarrent le 29 août. « J’ai géré les vendanges et les démarches administratives en même temps, c’était le folklore ! » Un démarrage à l’image du métier : inattendu. En six ans d’exercice, il a déjà accumulé plusieurs millésimes délicats à coup de gel, de grêle et de mildiou. Le cru 2021 venant couronner le tout avec une récolte de 4 hl/ha au lieu de 50 hl/ha. « Forcément, les conditions climatiques nous remettent en question. C’est un métier qui apprend l’humilité car c’est devenu délicat d’en vivre. »
Des vins qui racontent une histoire
Pour faire face, Julien envisage de restructurer son vignoble pour faire la place belle aux cépages endémiques : en lieu et place du sauvignon roi, il pense développer le menu pineau, le romorantin, le meslier Saint-François ou le pineau d’Aunis. Il réfléchit à des cépages au débourrement plus tardif ou à des techniques de plantation pour éviter les gelées printanières et s’adapter au changement climatique. Malgré les aléas, la passion ne s’amoindrit pas, loin s’en faut : « C’est passionnant parce qu’on touche à tout : au végétal, au sol, à la vinification. » Une vinification qu’il ne conçoit que sans ou avec très peu de souffre. Sans se revendiquer pour autant du vin naturel. « Je fais du vin », répond-il laconiquement, comme un refus net et précis de se voir ranger dans une chapelle. Reste que, pour lui, la vinification est le moment clé qui donnera son identité au millésime : « On travaille avec le vivant et ses caprices, alors on doit toujours s’adapter à ce que le millésime nous offre. Et puis, pour moi, un vin doit raconter l’histoire d’une année. Le ressenti du climat ou l’énergie qui se trame pendant les vendanges me donnent des idées pour expérimenter des choses et faire le vin que j’ai envie de faire à ce moment-là. »
Des vins attachés à un terroir, sincères et vecteurs d’émotion tant qu’à faire, à l’image de ceux que Julien Pineau apprécie dans son propre verre.
De décembre 2019 à septembre 2020, Thibault Jandot, photographe et cinéaste tourangeau, a suivi Julien Pineau dans les vignes, au chai, au bureau, chez lui… Ce travail a donné lieu au documentaire Une année dans les vignes diffusé sur internet, qui sera suivi d’un second volet diffusé sur France 2 en 2022.
1 Coopérative d’utilisation de matériel agricole
Texte : Alice Enaudeau – Photos : Cyril Ananiguian
INFOS +
Julien Pineau sera présent au salon Les Vins du coin, samedi 4 décembre 2021 de 11 h à 19 h au Carroir, à La Chaussée-Saint-Victor (www.facebook.com/lesvinsducoin).
Domaine Julien Pineau : 4 rue des Hauts Bonneaux – 41110 Mareuil-sur-Cher.
Tél. 06 27 81 94 90