
Un tiers-lieu. Un lieu vivant. Un lieu mouvant. Dans l’immense hangar qui abrita jadis la manufacture de meubles Les Greniers de Vineuil, on se croirait dans un décor de cinéma ou un passage parisien aux boutiques alignées. De ce site dont il utilise lui-même une partie pour son atelier de menuiserie, Arnaud Sené, le propriétaire, a voulu faire un espace d’activités hybride qui mêlerait artisanat et bien-être.
Se côtoient donc aux Ateliers des greniers, une créatrice textile, une tapissière, une créatrice de culottes menstruelles, une coach en bien-être, une professeure de yoga, un artiste et une vitrailliste. Tous avaient en commun l’envie d’être indépendant mais de ne pas être seul. « C’est réconfortant de boire le café quand on arrive et qu’il fait moche. Et puis on crée une dynamique avec les clients des uns et des autres », souligne Roxane Rigault, créatrice textile. « C’est un vrai lieu de vie », renchérit Marie, coach en bien-être. D’autant plus que l’espace central peut accueillir divers événements : expositions, marchés, concerts…
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Les Ateliers des greniers, un tiers-lieu artisanal à Vineuil
À Vineuil, Arnaud Sené a transformé une ancienne ébénisterie en un tiers-lieu artisanal. Une façon de permettre à des créateurs, artistes ou travailleurs indépendants de pratiquer leur activité au sein d’un espace collectif.



Non, un tiers-lieu n’est pas forcément un espace de travail immaculé réchauffé par quelques plantes vertes où s’alignent des ordinateurs connectés pour cadres urbains parachutés à la campagne. Il peut aussi ressembler à un vaste hangar découpé en cellules artisanales individuelles. C’est le cas des Ateliers de Vineuil, ancienne manufacture de meubles en bois devenue manufacture locale pour artisans et indépendants. Sous l’impulsion de son propriétaire, Arnaud Sené, instigateur des Greniers de Vineuil, le vaste hangar de 600 m² s’est transformé en un lieu vivant et mouvant : « L’idée était de mutualiser un lieu pour les créateurs avec différentes activités respectueuses d’une charte éthique basée sur le savoir-faire local. Les produits doivent être entièrement faits main à partir de matières premières les plus responsables possibles », explique-t-il. L’espace central, quant à lui, était idéal pour l’organisation de stages, cours ou d’expositions dans une logique de transmission des savoirs.
Indépendants mais en collectif
Créé en 2018, le lieu a accueilli sa première artisane, Roxane Rigault, créatrice de la marque textile pour enfants Les Ponettes, en 2019. « Je voulais pouvoir accueillir des clients sans recevoir chez moi. Au départ, je suis venue pour exposer et je me suis dit que ce lieu était génial et qu’il fallait l’investir ! »
Créatrice de culottes menstruelles sous la marque L’Ange rit, Sandrine Ami l’a rejointe dès 2020. Arrivée de Paris où elle travaillait déjà dans un tiers-lieu, la couturière cherchait un nouvel espace mutualisé « pour ne pas être seule ».
Exercer une activité indépendante sans pour autant s’isoler, c’est ce qui motive ces nouveaux artisans et artistes à rejoindre un espace collectif tout en bénéficiant d’un atelier individuel. « Disposer d’un atelier en-dehors de chez nous nous permet de sortir de la maison, d’avoir des collègues avec qui prendre un café, discuter », poursuit Roxane.
Coach en développement personnel installée depuis peu aux Ateliers, Marie Montiège acquiesce : « On ne travaille pas ensemble mais on a mis en place des petits rituels, on se croise. » Avec sa voisine d’atelier Julie Daudin, professeur de yoga, elle sort du cadre strictement artisanal initial. « Dès le début, il y avait une forte dimension humaine et artistique dans le projet, soulignent les “coworkeuses”. La présence d’activités liées à l’art et au bien-être est donc complètement logique. » Elle est aussi question d’opportunités. « Je cherchais un espace atypique, pas rigide, pour exercer, indique Julie. Quand Arnaud m’a présenté le lieu, ça m’a rappelé les anciens passages parisiens. En un week-end, Arnaud a posé le parquet au sol pour transformer l’espace en studio de yoga ! »
La mezzanine a également été refondue pour satisfaire les derniers arrivés, Marie Damay, vitrailliste et peintre sur verre (Osmöse), et l’artiste peintre Valentin Marques.

Loyer modique
Loin d’être un spéculateur immobilier, Arnaud Sené met à disposition ces cellules à des artisans aux activités fragiles. La majorité des occupants cumulent ainsi un emploi avec leur activité pour s’assurer un revenu. Mais le loyer de 10 €/m² leur permet justement de tester leur activité dans une relative sécurité. D’autant que la location comprend l’utilisation des espaces communs : le hall central pour les expositions, la grande salle de réunion et la cuisine. Espaces qui accueillent ponctuellement des occupants extérieurs comme l’Amap Les paniers vinoliens. « Comme le hangar n’a pas pignon sur rue, on est un peu ici comme dans un cocon, apprécie Roxane. L’avantage, c’est que ça génère de la surprise pour les visiteurs qui découvrent le lieu avec ses différents ateliers. » Un va-et-vient bienvenu qui apporte de la vie et nourrit l’imaginaire de ces artisans créateurs.
Alice Enaudeau
8 rue Gapoux – 07 61 89 24 73