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Plongez dans Fluxus…

Blois
5 juillet 2023
Temps de lecture : 4 minutes

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Plongez dans Fluxus…

C’est la collection permanente la plus importante au monde consacrée à Fluxus. Grâce aux prêts des collectionneurs Gino di Maggio, directeur de la Fondazione Mudima à Milan, et Caterina Gualco, directrice de la galerie UnimediaModern à Gênes, la Fondation du doute présente plus de 400 oeuvres de ce mouvement majeur né dans les années 1960 qui a bouleversé les codes et influencé nombres d’artistes. Totalement repensée en 2022, l’exposition est plus pédagogique pour en faciliter l’accès à tous. Un espace à découvrir absolument pour quiconque s’intéresse à l’art contemporain.
Alice Enaudeau

14, rue de la Paix — fondationdudoute.fr
Du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h 30
©CD41/C. Chigot

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La Fondation du doute, un lieu pédagogique. ©CD41/C.Chigot

Aux sources de l’art contemporain

C’est la seule collection permanente au monde sur le mouvement Fluxus. À Blois, la Fondation du doute présente plus de 400 œuvres et documents sur ce mouvement artistique majeur du xxe siècle. Un non-musée foisonnant qui éclaire les mutations de l’art contemporain.

Enfermer Fluxus dans un musée ! Quelle ironie pour un mouvement artistique qui s’est justement évertué à sortir l’art des musées. Ben Vautier, l’un des derniers membres de Fluxus, n’était, d’ailleurs, au début pas très emballé par l’idée. Faire tourner les œuvres de sa collection dans le monde entier à l’occasion d’expositions temporaires, oui. En faire un musée, non. Et pourtant. Pourtant, c’est bien lui qui contacte ses amis Gino di Maggio, fondateur de la Fondazione Mudima à Milan, première fondation pour l’art contemporain en Italie, et Caterina Gualco, fondatrice de la galerie UnimediaModern Contemporary Art à Gênes, pour prêter les œuvres de leurs collections personnelles respectives en vue de nourrir cette Fondation du doute qui ouvre ses portes en 2013.

Un cheminement pédagogique

Si la première version de la Fondation du doute, scénographiée par Ben, est à l’image du mouvement et du personnage, vivante, drôle, mais profondément foutraque, la V2, ouverte en juillet 2022, est beaucoup plus accessible grâce à une mise en espace pédagogique. Et pour cause, c’est cette fois-ci Alain Goulesque, directeur de la Fondation du doute et de l’École d’art, qui a œuvré, avec l’assentiment de Ben, in fine. Alors certes, l’incontrôlable mouvement Fluxus se retrouve plus ou moins contraint entre quatre murs, mais avec un objectif : faire comprendre combien ce mouvement, qui a embrassé toutes les disciplines, a posé les bases de l’art contemporain.    D’emblée, la frise chronologique introductive met le mouvement en perspective avec les grandes dates artistiques de la seconde moitié du xxe siècle jusqu’à aujourd’hui. L’exposition est ensuite conçue par grands chapitres selon les dénominateurs communs au mouvement déterminés par Dick Higgins et Ken Friedman : Singularité, Musicalité, Art-Amusement, L’Art c’est la vie, L’Expérimentation, L’Implication maximale, L’Intermedia, L’Ephémérité et la Fugacité, La Présence, Le Minimalisme, L’Internationalisme.

« Soyons tous artistes » : Joseph Boeys

Participatif, féministe, loin des critères de beauté ou de vente, Fluxus questionne la notion d’art. « Duchamp, c’est mon grand-père. Sans Duchamp, pas de Ben, pas d’art moderne, pas de nouveau réalisme, pas de land-art, pas de pop-art. Duchamp est la dernière rupture en art. Il nous a tous mis dans le pétrin, car après lui, toute forme est possible, donc périmée d’avance. Après Duchamp, la forme a besoin d’une attitude. » Ces mots de Ben disent bien la volonté d’en découdre avec l’art officiel de ces jeunes artistes qui commencent à exercer dans les années 1950. « Qui décide de ce qui est beau ? », écrit le même Ben tandis que Robert Watts affirme : « Je vois Fluxus partout où je vais. » Alain Goulesque traduit : « C’était des gens qui avaient envie de faire des choses ensemble, qui questionnaient le rapport de l’art avec la vie et qui pensaient que tout le monde peut produire quelque chose, car créer est dans la nature humaine. »

En présentant des pièces aussi variées qu’une baignoire de pois-chiche où imprimer la forme de son corps comme une œuvre d’art, des pianos détruits dans des happenings musicaux, des Fluxbox plus inventives et drôles les une que les autres, les tableaux astro-gastronomiques de Daniel Spoerri, les 4’33 de silence de John Cage ou le Fluxtour de Ben Patterson, la Fondation du doute embrasse la diversité de la création Fluxus…

Elle rappelle également qu’au-delà de l’aspect joyeux et ludique et du refus de se prendre au sérieux, il y a une idée hautement démocratique : permettre à chacun de créer avec peu et faire descendre l’art de son piédestal pour le faire résonner chez chacun. D’ailleurs, ici, le visiteur est invité à toucher, écouter, jouer, créer pour laisser, lui aussi, son empreinte dans le mouvement Fluxus.

Texte : Alice Enaudeau
Photos : CD41/Cyril Chigot

Info :
14, rue de la Paix – 41000 Blois
www.fondationdudoute.fr/
Du mercredi au dimanche : 14 h-18 h 30
Entrée : 3,50 € (jeune), 5,50 € (réduit), 7,50 € (plein)

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