Rien, a priori, ne prédestinait Maxime Minerbe, né dans le village de Selommes, à devenir le magicien international qu’il est. « Mes parents ne sont pas issus du milieu et personne dans le village ne faisait de spectacle ; on était boucher, boulanger… » Son quotidien désormais ? Des destinations mondiales, des plateaux télé, plus prestigieux les uns que les autres.
Ayant reçu le premier prix des « Maîtres de la magie » en janvier dernier, Maxime n’en reste pas moins humble. « Des feux de la rampe, si je puis dire, je passe à des ateliers pour enfants, à des prestations en milieu hospitalier », dit-il. Dans le cadre de Festillésime 41, dispositif proposé par le département, il a entamé dès 2023 une tournée « magistrale » en milieu rural, qui se poursuit avec de nombreuses dates (Courmemin le 30 avril, Romilly-du-Perche le 31 mai, Chitenay le 1er juin, etc.).
Le magicien présente son spectacle Voilà, qui le met en scène dans un one-man show captivant. Une date l’intimiderait presque : celle du 16 novembre… à Selommes !
« Pro » de la magie : le rêve
Qui savait que les plus grands magiciens du monde se réunissaient sept fois l’an aux fins fonds de la campagne française… à Selommes, il y a de cela quelque dizaines d’années ? Personne ! Et pour cause. « Un lieu perdu idéal où ils pouvaient travailler leurs numéros en toute tranquillité. C’est le mari de la secrétaire de mairie qui a été à l’origine de la création du Centre international de la prestidigitation et de l’illusion (CIPI). »
Pas d’école Poudlard
Ces retrouvailles magiciennes acceptaient, toutefois, la présence d’un « apprenti » clandestin. « J’avais 10-12 ans à l’époque et comme tout le monde savait que j’étais passionné de magie, j’ai été accepté aux côtés des plus grands », raconte Maxime Minerbe. « Cela m’a permis d’entrer dans le milieu de la magie au niveau international. Mais, malgré le fait de côtoyer ces personnalités, cet univers restait inaccessible pour moi. Tout le monde s’accordait à dire : ”C’est bien, mais ce n’est pas un vrai métier dont on vit !“ » Et comme il n’existe pas d’école (à l’image de Poudlard dans l’univers de Harry Potter) pour apprendre le métier de magicien, Maxime est entré dans la vie active par une porte plus classique : l’administration. « Jusqu’au jour où, convaincu que cela ne me correspondait pas, j’ai décidé de franchir le pas et de devenir professionnel. C’était en 2009. Dans le même temps, la Maison de la magie, à Blois, m’a ouvert ses portes et, dès la première année, j’ai fait 700 spectacles. » Magique…
Des destinations d’ici et d’ailleurs
Les dates, les festivals, les plateaux télé comme Le Plus Grand Cabaret du monde, de Patrick Sébastien, les pays (France, Allemagne, Espagne, Belgique, Suisse, Serbie…) s’enchaînent ensuite comme les titres : champion de France en 2013, Étoile d’or de la magie, Magicien d’or… Récemment, en janvier 2024, Maxime a été désigné Maître magicien; en octobre, il participera à nouveau au championnat de France de magie prévu au Touquet. De retour de l’Île Maurice, Maxime aimerait tester le travail en croisière. « C’est quelque chose que j’aimerais découvrir ; c’est aussi ce qui me motive à l’approche d’une nouvelle année : qu’est-ce qu’elle me réserve, quelle nouveauté ? »
Beaucoup de travail pour chaque numéro
On compte environ 1 500 magiciens professionnels mais, selon Maxime, « 20 à 30 seulement sortent du lot ». Peu de concurrence existe dans le milieu de la magie. « Chacun a sa spécialité et il y a assez de travail pour tous. Nos rapports sont plus basés sur l’entraide, les échanges. On se connaît tous. » Dans son chapeau, Maxime est en mesure de sortir 30 numéros de magie. « Chacun représente beaucoup de travail, de mise en place, de recherche dans le moindre détail. » Le temps s’étire parfois sur plusieurs années avant d’atteindre la perfection recherchée dans la fluidité du geste, le rythme du déroulé d’un numéro. « Celui-ci doit pouvoir être réalisé dans n’importe quel lieu ou salle d’accueil. Certains numéros ne peuvent être faits que dans certaines conditions d’espace. » Maxime Minerbe a une spécialité sur scène avec un numéro très visuel et très rapide, le « Quick change » (changement rapide de costumes). « Au début, j’étais le seul à le faire et j’ai gagné plusieurs concours grâce à lui. »
Un métier de rêve
À 40 ans, Maxime parle de son métier « passion » avec le regard brillant. « C’est un métier de rêve. Je ne rencontre que des personnes qui veulent s’amuser, passer un bon moment, s’émerveiller. Le public est (presque) acquis à chaque fois, que ce soient des enfants et des adultes ; il n’y a que les ados qui se révèlent un peu plus difficiles à embarquer, mais on y arrive. » Il conclut : « Je ne vois pas de meilleur environnement de travail ! »
Capucine Beauchamp
www.maxime-minerbe.com – www.culture41.fr
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