Le domaine de Chaumont-sur-Loire célèbre la nature avec les œuvres de 15 « nouveaux » artistes. Le château accueille ainsi une rétrospective de l’artiste belge Pierre Alechinsky, typographe à l’origine ; on déambule avec plaisir dans les salles à la découverte de son univers. Dans le même lieu, le Roumain Stefan Râmniceanu nous entraîne dans son monde peuplé de livres, tandis que Pascal Convert propose ses candélabres immaculés dans la salle à manger. Les écuries nous font vibrer avec les céramiques spectaculaires et délicates de Grégoire Scalabre. Sur place, on retrouve aussi l’œuvre envoûtante de Stéphane Guiran, Le Nid des murmures. Émotion garantie avec l’installation de l’artiste irlandaise Claire Morgan dans la grange aux Abeilles, sans oublier les graminées dorées de Sophie Blanc dans l’asinerie et de nombreuses autres surprises dans le parc et ailleurs.
Anne Sarazin
domaine-chaumont.fr
©CD41/L. Alvarez
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Le domaine de Chaumont-sur-Loire, côté art…

Le domaine de Chaumont-sur-Loire bénéficie d’une renommée conséquente, en France comme à l’étranger. Au-delà du Festival international des jardins, au rayonnement international, le centre d’arts et de nature met en lumière, chaque année depuis 2008, des artistes de tous horizons, qu’ils soient plasticiens, sculpteurs, etc. Cette année, quinze personnalités exposent leur travail au château ou dans le parc historique. Au fil des ans, le domaine s’est enrichi de nombreuses œuvres, disséminées ça et là.
Selon la météo et la température ambiante, on choisira de commencer la visite par le château – il y fait frais aux heures chaudes de la journée – ou par le parc historique, très agréable le matin ou en fin d’après-midi (l’été, le domaine ferme ses portes à 20 h).
Visite guidée
Avant d’accéder au château, on se dirige vers les écuries. On y découvre notamment les céramiques grandeur nature de Grégoire Scalabre, l’un des artistes invités cette année. Des milliers d’amphores miniatures émaillées à la main, en porcelaine, composent les œuvres présentées dans ce lieu intimiste. Le résultat est spectaculaire, envoûtant, et un film montrant le travail de l’artiste se révèle très instructif.
Tout près, c’est difficile de résister à l’idée de revoir l’œuvre de Stéphane Guiran, Le Nid des murmures, installée au manège des écuries depuis 2017. L’artiste a réuni 4 000 pierres de quartz blanc en provenance de l’Atlas marocain – des « fleurs de quartz » selon lui – qui composent un jardin tout en émotion, en intériorité. Des murmures d’enfants complètent cette œuvre quasi méditative, emplie d’une grande poésie.
Au château, on part découvrir la suite des expositions. La plus grande d’entre elles – cru 2023 – présente 270 pièces sur papier d’Alechinsky dans la galerie haute. Il s’agit là d’une rétrospective de 1948 à 2020, soit plus de soixante-dix ans de créations inspirées par la nature. L’artiste d’origine belge, typographe et imprimeur de formation, a sélectionné des gravures, dessins, estampes… faisant souvent montre d’humour. À découvrir.
On poursuit la visite (galerie basse de l’aile ouest et salle de billard) en découvrant le travail de Stefan Râmniceanu. L’artiste roumain, qui partage son temps entre Bucarest et Paris, présente ici plusieurs œuvres. Ces tableaux en relief, certains avec des livres géants en bois, mettent en lumière ces ouvrages en les assemblant. Un travail singulier à découvrir dans le château mais aussi dans le parc historique.
Hommage aux maîtres impressionnistes
On ne part pas sans faire un crochet par la galerie digitale, espace de plus de 200 m2, situé dans l’aile est du château, qui présente deux œuvres de Quayola. L’artiste italien rend ici hommage aux maîtres de l’impressionnisme à travers des créations vidéo réalisées à partir d’images saisies dans les jardins du domaine. Le plus simple est de s’asseoir devant l’écran (immense), situé à l’étage, et de se laisser gagner par la beauté de ces images hypnotisantes.
On file ensuite à l’Asinerie qui expose Yves Zurstrassen, peintre belge, et ses tableaux emplis de motifs floraux.
À l’étage, on découvre, dans la pénombre, les sculptures végétales dorées de Sophie Blanc. Doreuse de métier et restauratrice d’art, l’artiste cueille elle-même des végétaux (herbes) qu’elle dore ensuite à l’or à l’aide d’un pinceau. Le résultat est empreint de délicatesse, de poésie, de fragilité et surtout de beauté.
Direction la grange aux Abeilles voir le travail de Claire Morgan, artiste irlandaise. Pour son mobile géant intitulé « Être seul avec toi », elle a choisi une bernache du Canada (oie noire). Des centaines de morceaux de plastique sortent de son corps, composant une œuvre fascinante, belle et à la fois dérangeante. À voir sans faute.
Des parcs sur plus de 30 ha
La promenade peut ensuite se poursuivre au parc historique. On flâne en appréciant la beauté du site – plus de 20 ha – qui marie des arbres centenaires et de nombreuses œuvres inspirées par la nature. Exemple ? Christian Lapie, Bob Verschueren, Lionel Sabatté, Éva Jospin ou encore les Cabanes dans les arbres du Japonais Tadashi Kawamata. Le choix est multiple, mieux vaut prendre son temps pour savourer chaque instant. On peut aussi y revenir, un autre jour, car la surprise est toujours au rendez-vous. De plus, pour apprécier le Festival international des jardins et les prés du Goualoup (avec ses sublimes jardins japonais, chinois ou coréen, entre autres) à son rythme, une journée supplémentaire est recommandée sur place.
Texte : Anne Sarazin – Photos : Eric Sander