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Richesse manuelle

Pontlevoy
13 décembre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

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Richesse manuelle
L’Outil en main revalorise les métiers manuels. ©CD41/C.Ananiguian

À Pontlevoy, le mercredi après-midi, les adolescents de 11 à 13 ans découvrent les métiers manuels aux côtés d’artisans retraités grâce à l’association L’Outil en main.

Ce mercredi après-midi de novembre, ça tape, ça scie, ça coupe dans le local dédié aux ateliers menuiserie, charpenterie et carrelage de L’Outil en main. Impossible de s’entendre dans cette drôle de symphonie dissonante qui n’assourdit que les encadrants, pourtant aguerris, tant les ados prennent du plaisir à manier les machines, électriques tant qu’à faire.

Depuis janvier dernier, ils sont une petite quinzaine d’ados à venir s’initier aux métiers manuels, encadrés par d’anciens artisans à la retraite. Une nouvelle pousse pour l’association nationale L’Outil en main, née à Troyes en 1987, qui a largement essaimé dans toute la France depuis. L’idée ? « Initier les jeunes aux métiers manuels de l’artisanat et du patrimoine dans de vrais ateliers, avec de vrais outils et des gens de métier », résume le site de l’association. À Pontlevoy, les ados tournent actuellement sur six ateliers : menuiserie, charpenterie, carrelage, petite électricité, couture-cuir et horticulture, dont les matériaux sont récupérés ici et là et les outils issus de dons ou prêtés par les professionnels bénévoles. À l’atelier menuiserie, on s’active ainsi en ce début d’année à réaliser des établis pour organiser peu à peu l’espace de travail. Il faut dire que l’association n’a que quelques mois d’existence et ne reçoit aucune subvention. L’adhésion annuelle, volontairement modique (90 €/enfant) ouvre les ateliers à un large public, à condition de résider sur le canton de Montrichard-Val de Cher.  

Apprendre à faire soi-même

Co-initiateur du projet avec Patrice Szymanski, Jean-Loup Covillers a à cœur de revaloriser les métiers manuels auprès des jeunes. « Il suffit d’observer le phénomène de reconversion des cadres supérieurs dans l’artisanat pour constater que ce sont des métiers attractifs, qui ont du sens », note cet ancien informaticien à la retraite. « Même si les jeunes n’y découvrent pas leur vocation, ils apprennent à se servir de leurs mains et à réaliser quelque chose de concret. » Et c’est en effet bien ce qui motive les collégiens à venir le mercredi après-midi. Si seuls Axel et Lenny envisagent des métiers manuels, tous soulignent l’intérêt d’apprendre à faire les choses par eux-mêmes. « J’aime bricoler et ici, je peux apprendre des choses pour aider chez moi », souligne Hugues, 13 ans, rejoint par Antoine, 13 ans également : « Dans notre maison de vacances, il y a pas mal de trucs à réparer. Je vais pouvoir le faire plutôt qu’appeler des artisans ».

Des métiers manuels et intellectuels

Quelques centaines de mètres plus loin, sur le pôle horticulture animé par Claude Simier, Justine, Anatole et Agnès montrent fièrement le résultat des travaux menés au printemps pour redonner vie à un sol longtemps délaissé. Salades, radis, fèves, mâche ou ciboule géante pointent leur nez sur une belle parcelle de terre noire réhabilitée en permaculture et ensemencée en fin d’été. « Il est important de montrer aux jeunes que les métiers manuels sont aussi de vrais métiers intellectuels, qui demandent beaucoup de réflexion pour aboutir à un résultat », explique Claude Simier. À ses côtés, Justine apprécie grandement les ateliers : « Je veux être kiné, mais je veux découvrir d’autres métiers, parce qu’il y en a plein que je ne connais pas ! » Du haut de ses 12 ans, elle est persuadée que les métiers manuels ont de l’avenir : « Tous les métiers derrière un ordinateur vont être remplacés par des robots, alors je crois qu’on va faire des métiers comme les anciens avant. En plus, les gens ont de plus en plus envie de faire les choses par eux-mêmes et de faire moins de déplacements », analyse-t-elle déjà finement. 

Des sorties extérieures

Outre les enseignements théoriques et les activités pratiques lors des ateliers d’une heure et demie, l’association organise deux visites extérieures par trimestre chez des artisans ou au musée du Compagnonnage à Tours (https://www.museecompagnonnage.fr/), pour rencontrer des professionnels. Car, notent les encadrants, la question qui surgit à la première rencontre concerne immanquablement la rémunération : gagne-t-on bien sa vie en tant qu’artisan ? Les retraités de L’Outil en main ne se plaignent pas, merci.

À savoir : L’Outil en main recherche des artisans bénévoles pour animer un atelier couture et un atelier petite mécanique (vélo…).

Alice Enaudeau


06 20 33 28 97 – oem.pontlevoy@gmail.com
www.loutilenmain.fr

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