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Théâtre accessible

Saint-Georges-sur-Cher
21 février 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Théâtre accessible
Le comédien Ulysse Barbry a posé ses valises en vallée du Cher ©C.Ananiguian

Oui, Ulysse Barbry en est convaincu, il est possible de proposer un théâtre exigeant, de qualité, créatif et accessible à un large public. C’est en tout cas en ce sens qu’il œuvre depuis sa sortie du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris en 2014. Le comédien-metteur en scène-dramaturge a posé les bagages de sa compagnie Hic Sunt Leones à Saint-Georges-sur-Cher en 2019, pour des raisons d’ancrage familial et par volonté de participer à l’irrigation culturelle d’un territoire rural. Car ce n’est pas parce qu’on n’a pas eu la chance d’être initié au théâtre enfant qu’on n’y a pas sa place, bien au contraire. « Un spectacle n’est jamais dans le réalisme total, donc tout le monde peut s’y retrouver », assure Ulysse. Ého !, sa première création jeune public, soutenue par les communes de Saint-Georges-sur-Cher et de Dolus-le-Sec (37), où elle a été jouée dans les écoles, en est à 80 représentations auprès des écoliers de Centre-Val de Loire grâce au relais des programmateurs régionaux. Il déplacera son prochain spectacle, Petit Tom, à vélo, pour favoriser un maillage culturel en vallée du Cher.

Hic Sunt Leones, pour un théâtre populaire

En fondant sa compagnie Hic Sunt Leones à Saint-Georges-sur-Cher, Ulysse Barbry a volontairement posé ses valises loin de l’effervescence théâtrale citadine. Depuis sa sortie du Conservatoire national d’art dramatique, à Paris, le comédien et metteur en scène a à cœur de proposer un théâtre qualitatif et populaire.

Pour certains, le théâtre est une évidence, une échappatoire, un lieu de rêve ou de réflexion. Pour d’autres, il est un inconnu inaccessible, réservé à une élite. Ulysse Barbry fait partie de la première catégorie. Papa artiste peintre, maman danseuse, le terreau familial était favorable à l’ouverture culturelle. « J’ai commencé la danse vers 5 ou 6 ans, puis j’ai intégré une école de musique jazz et musiques actuelles vers 10-11 ans. J’y ai gagné une ouverture d’esprit, un lâcher-prise, une stimulation de la création. Mais c’est quand j’ai commencé le théâtre, à l’adolescence, que j’ai découvert la sensation de manque dès que je n’étais plus en cours. » Il passe le concours d’entrée au conservatoire du xve arrondissement de Paris avec brio, suit les cours de Jean-Claude Cotillard à l’École supérieure d’art dramatique, puis enchaîne avec la voie royale : le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, où il aura pour professeurs Daniel Mesguich et Michel Fau.

Vers un public non averti

Ulysse Barbry a 20 ans, sa voie est toute tracée, mais il s’offre un pas de côté pour aller voir ailleurs, en effectuant un service civique auprès de l’association Romsi, en Loire-Atlantique, qui travaille avec la population rom. Loin du théâtre, il fait de l’accompagnement administratif et scolaire auprès d’une population mise au banc de la société. Par la suite, il fait ses premières armes théâtrales dans les Vosges au sein de la compagnie Rêve général ! de Marie Normand. « J’ai vu ce que c’est que de faire vivre une compagnie et un festival en milieu rural », commente-t-il, sans besoin d’expliciter les sous-entendus. Loin de le faire reculer, l’expérience le convainc que ce n’est pas auprès d’un public averti qu’il veut exercer. Au contraire, il veut contribuer à diffuser le théâtre auprès de ce public qui ne s’y estime pas légitime, en commençant dès le plus jeune âge car, affirme-t-il, « c’est par méconnaissance du théâtre qu’on y est mal à l’aise ». Avec l’association Le Tréteau de Saint-Denis (93), il coécrit un opéra, Les Enfants perdus, avec 43 élèves, accompagné par l’Orchestre de chambre de Paris. Une expérience qui lui confirme la valeur émancipatrice de la création.

Participer à l’irrigation culturelle rurale

C’est donc en toute logique qu’il installe, en 2019, sa compagnie Hic Sunt Leones à Saint-Georges-sur-Cher, où il a des attaches familiales. « Bien sûr, la ville est plus propice à la vie culturelle, mais je vois plus d’intérêt à participer à l’irrigation culturelle des zones rurales », explique Ulysse. « Parce qu’il est le lieu de l’extraordinaire où l’on vient voir quelque chose hors du commun, où chacun peut donc se retrouver, le théâtre est universel. Je veux proposer un théâtre populaire, où tout le monde doit se sentir légitime en tant que spectateur, tout en étant reconnu par mes pairs. La qualité ne doit pas être inaccessible », soutient-il dans la lignée d’un Jean Vilar.  

Créée en 2019 pour faire suite à des ateliers scolaires menés à Saint-Georges-sur-Cher et Dolus-le-Sec (37), Ého !, une pièce sur la libération de la parole des enfants, a ainsi été jouée plus de 80 fois dans les écoles de la région Centre-Val de Loire grâce au relais des programmateurs régionaux. Ont suivi Le Violoncelle de Camille, avec la violoncelliste Camille Gueirard, pour initier les tout-petits à la musique, puis Meuh !, d’après le roman de François Morel, sa première création en partenariat avec de nombreux acteurs culturels.

Une pièce à vélo

Petit Tom, création 2024 sur la violence masculine, « un spectacle drôle et enthousiasmant sur un sujet lourd », Ulysse la diffusera… à vélo ! Par défi physique, un peu, mais surtout par envie de créer un étroit maillage culturel dans chaque territoire où il interviendra. En vallée du Cher, évidemment, pour commencer, puis en Indre-et-Loire et vers tous ces « lions » où le vent le portera. Formule utilisée par les explorateurs pour qualifier les terres inconnues, Hic Sunt Leones (« Ici vivent les lions ») fait référence « à la fois à ce que je vais puiser en moi d’inconnu pour que chaque création soit une nouvelle exploration, mais aussi à ma volonté d’œuvrer pour et avec les publics éloignés du monde culturel, quelles qu’en soient les raisons. »

Alice Enaudeau

hicsuntleones@laposte.net
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©CD41/C.Ananiguian

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