Yaka-Blois, pour un territoire zéro chômeur
Alors que le taux de chômage peine à repasser sous la barre des 7 % (1), inverser la courbe durablement semble relever de la gageure. Mais il n’y a pas de fatalité. Derrière les lettres TZCLD –pour « territoire zéro chômeur de longue durée » – subsistent de l’espoir et des ambitions.
Créée en 2016, l’initiative veut casser les préjugés, prouver que personne n’est inemployable et que sans coûter plus cher à la collectivité, on peut proposer à toute personne durablement privée d’emploi un poste à durée indéterminée à temps choisi, en développant des activités non concurrentes.
En décembre 2022, la ville de Blois, soutenue par la communauté d’agglomération Agglopolys, a souhaité rejoindre l’expérimentation déployée sur 58 territoires en France en intégrant les quartiers Quinière, Cabochon, Médicis, Gambetta et une partie du quartier Saint-Georges, où le taux de chômage atteint 21 % (2). Environ 500 personnes vivant dans ce périmètre depuis au moins six mois, sans emploi depuis plus de douze mois ou en activité précaire, pourraient rejoindre le projet. Avec l’objectif de remettre en selle environ 200 d’entre elles d’ici à 2026 (la plupart des postes sont financés par le conseil départemental), dont « environ 90 devraient intégrer les effectifs de Yaka-Blois », détaille Sandrine Courtat, directrice.
À rebours des standards de recrutement actuels
Atout majeur du dispositif TZCLD, Yaka Blois, entreprise à but d’emploi – installée au cœur du parc de l’Arrou – a pour vocation « de proposer un poste durable aux personnes dont la recherche d’un emploi pérenne n’a pu déboucher sur une solution ».
Les personnes qui poussent sa porte sont identifiées par le comité local pour l’emploi (CLE), instance de pilotage local du projet, en lien avec le service public de l’emploi (Pôle Emploi, Cap Emploi…). À rebours des standards de recrutement actuels, l’âge moyen des personnes embauchées à ce jour par Yaka-Blois – « qui tend la main à celles et ceux qui avaient plus ou moins abandonné l’espoir de retravailler un jour » – est de 55 ans. Les entretiens avant embauche « permettent d’identifier l’expérience, le potentiel, les aspirations des volontaires en fonction des besoins et des travaux utiles pour le territoire ». Le management « vise à créer la meilleure expérience et à optimiser les conditions de travail » pour limiter les angoisses du retour à l’emploi « quand on a perdu des repères » et, pour faciliter l’employabilité, tient compte des difficultés du quotidien.
Meryemme témoigne : « Devant amener, puis aller chercher mes enfants à l’école, je n’avais pas la possibilité de démarrer mon travail avant 9 h ni de le quitter après 16 h 20. Ces contraintes ont été prises en compte par la direction de Yaka-Blois, qui a organisé mon emploi du temps en conséquence ».
Plusieurs types de métiers
Les métiers déployés concernent le réemploi, le relooking de meubles, d’objets et de vêtements, commercialisés sous une marque qui a vocation à se développer : Caboch’ & Gambettes. (On la trouve dans la boutique du même nom à La Quinière).
Les ateliers de l’Arrou bruissent de l’activité des salariés, où la créativité est le maître-mot pour redonner vie à des objets laissés pour compte. Les palettes deviennent chaises longues, les vinyles abat-jour.
Des projets innovants dans les cartons – comme la conception de vaisselle comestible à base de malt de bière, avec un objectif de 15 000 pièces par mois – doivent contribuer à enrichir l’offre commerciale, à créer de nouveaux débouchés et à conforter le développement de l’entreprise. Pour toujours plus de nouveaux postes à proposer et pour remplacer l’espoir par du concret. L’initiative, qui a déjà créé plus de 2 000 postes en France, démontre le bien-fondé de la démarche. On ne peut que souhaiter le même succès à Blois…
(1) – Bureau International du Travail
(2) – Pôle Emploi – Insee 2020
Olivier Durand
33, allée des pins (village de l’Arrou)
09 78 80 62 30
direction@yakablois.fr
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1 – Bureau international du travail.
2 – Pôle emploi – Insee 2020.
